Votre épargne ne dort pas, bien au contraire. Confiée à un gestionnaire d’actifs, elle est investie sur les marchés financiers et a un impact sur le réel. Trois acteurs (1) dominent le marché de l’épargne salariale et participent en toute impunité à aggraver le chaos climatique en investissant dans des entreprises qui développent de nouveaux projets fossiles avec l’argent des épargnant.e.s-salarié.e.s. C’est pourquoi Reclaim Finance accompagne les salarié.e.s qui le souhaitent dans une des étapes nécessaires pour mettre leur argent au service du climat : le décryptage de ceux qui tirent les ficelles de leur épargne.
1 salarié.e sur 2 a déjà accès à un plan d’épargne salariale (2). Au 1e janvier 2024, ce chiffre sera amené à augmenter car toutes les entreprises de plus de 11 salarié.e.s auront l’obligation de mettre en place au moins un dispositif d’épargne salariale (3). Cette mesure est souvent décrite comme un duo gagnant : avec d’un côté les entreprises qui profitent de conditions fiscales avantageuses et de l’autre le.la salarié.e qui constitue alors facilement une épargne de précaution. Mais, il y aura d’autres grands vainqueurs dans cette réforme : les gestionnaires d’actifs qui parviendront à tirer leur épingle du jeu en profitant de ce marché florissant.
Dominer le marché, pour mieux réchauffer le système
Le marché de l’épargne salariale est très concentré, seule une poignée d’acteurs dominent le marché. Les filiales de gestion d’actifs des mastodontes financiers du Crédit Agricole (avec Amundi), de Banque Populaire et Caisse d’Epargne (avec Natixis Investment Manager) et de BNP Paribas (avec BNP Paribas Asset Management) concentrent à eux trois, 75% des montants gérés pour l’épargne salariale.
Ces acteurs restent méconnus du grand public et leurs agissements, souvent ignorés.
Et pourtant alors que 80% des Français.e.s considèrent le charbon et le pétrole comme étant incompatibles avec l’investissement responsable, ces gestionnaires d’actifs continuent d’investir dans des entreprises fossiles qui mettent en péril notre planète en développant toujours davantage de projets fossiles.
Montant investi en milliards d'euros en Janvier 2023 dans les entreprises développant de nouveaux projets fossiles (4)
Néanmoins, d’autres acteurs existent et se distinguent par leurs engagements qui répondent, au moins partiellement, à l’urgence climatique. C’est ce que démontre le décryptage des engagements climatiques pris par 16 gestionnaires de l’épargne salariale en France réalisé par Reclaim Finance (5).
Vous reprendrez bien un peu d’hydrocarbure dans votre épargne salariale ?
Un gestionnaire d’actifs dispose de deux leviers de pression vis-à-vis des entreprises développant de nouveaux projets d’énergie fossile. D’abord, il peut décider de ne plus leur apporter de nouveaux capitaux. Pour cela il refusera systématiquement d’acheter les titres financiers nouvellement émis par de telles entreprises, notamment les obligations.
Parmi les 16 gestionnaires d’actifs analysés :
- Seuls 8 ont une politique charbon robuste permettant d’exclure efficacement des nouveaux investissements des entreprises développant de nouvelles mines et/ou centrales à charbon.
- Seulement 2 ont une politique pétrole et gaz qui l’engage à ne plus réaliser de nouveaux investissements dans des entreprises développant de nouveaux champs pétroliers et gaziers et autres infrastructures : oléoducs, gazoducs. Et deux autres gestionnaires d’actifs répondent à ces enjeux partiellement (6).
GESTIONNAIRES D’ACTIFS | CHARBON | PETROLE ET GAZ | |
---|---|---|---|
Arrêt des nouveaux investissements vers les développeurs | Date de sortie du secteur (monde) | Arrêt des nouveaux investissements vers les développeurs | |
Amundi (Crédit Agricole) |
~ | 2040 | |
Natixis IM (BPCE) |
|||
BNP Paribas AM | 2040 | ||
Crédit Mutuel AM | 2030 | ||
AXA IM | 2040 | ||
HSBC AM | ~ | 2040 | |
Sienna Gestion | 2040 | ||
Ofi AM (Aéma Groupe) |
2030 | ~ | |
Ecofi (Crédit Coopératif) |
~* | 2028 | ~ |
Groupama AM | ? | 2040 | |
Agrica Epargne | 2040 | ||
Pro BTP Finance | |||
Federal Finance Gestion (Crédit Mutuel Arkea) |
2027 | ||
Eres Gestion | |||
Gay Lussac Gestion | 2025 | ||
Mirova (BPCE) | 2040 |
La complaisance des gestionnaires d’actifs envers les majors pétro-gazières
Le deuxième levier d’action du gestionnaire d’actifs est d’exercer une pression croissante afin de transformer une entreprise dans laquelle il investit. Le gestionnaire d’actifs peut ainsi mettre en place différentes tactiques, c’est le cas du vote en assemblée générale pour invalider un plan climat.
Cette année encore, l’assemblée générale de TotalEnergies donne à voir l’absence de volonté de certains gestionnaires d’épargne salariale à réellement user de leur influence pour la cause climatique. Le plan climat était soumis au vote des actionnaires, tout comme une résolution climatique déposée par certains d’entre eux, dont Ofi AM, demandant à TotalEnergies d’aligner ses objectifs de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre indirectes avec l’Accord de Paris à horizon 2030.
Parmi les 9 gestionnaires d’actifs analysés dans cette partie (7) :
- AXA IM est le seul gestionnaire à faire preuve d’une extrême conciliance à l’égard du développeur en votant à la fois pour son faux plan climat et contre la résolution des actionnaires.
- Amundi, HSBC AM et BNP Paribas AM ne sont pas pour autant irréprochables. S’ils ont soutenu la résolution, ils ont aussi soutenu le plan climat, envoyant un message contradictoire à l’entreprise.
- Enfin, Ofi AM et Crédit Mutuel AM sont les seuls du panel à avoir soutenu la résolution tout en votant contre le faux plan climat de TotalEnergies, usant alors réellement de leur pouvoir afin de faire pression sur le développeur.
- Par ailleurs, Gay Lussac Gestion, Mirova et Ecofi n’ont pas participé à cette assemblée générale car ils ne détenaient pas d’action du développeur.
Certains gestionnaires d’actifs font au contraire partie de ceux qui se mobilisent pour faire évoluer les pratiques des entreprises développant de nouveaux projets fossiles. C’est notamment le cas d’Ecofi, d’Ofi AM et Mirova qui ont fait partie cette année de la coalition de 16 investisseurs demandant à Engie de clarifier son plan climat.
Il est temps que les entreprises questionnent les pratiques des acteurs à qui elles confient l’argent de leurs salarié.e.s, et exigent d’eux un réel engagement en faveur du climat comme c’est déjà le cas de n’importe quel autre fournisseur. Reclaim Finance donne les clés aux salarié.e.s, représentant.e.s salarié.e.s et de direction afin de mettre en place une épargne salariale qui ne nuit pas au climat et est alignée aux exigences d’un nombre sans cesse croissant de salariés qui souhaitent agir à leur échelle pour préserver la planète. Pour en savoir plus, rendez-vous sur épargnesalarialepourleclimat.org et découvrez les différentes étapes afin de mettre votre épargne au service du climat.